Angleterre

Londres

L’intérieur de la synagogue St Johns Wood ©WikiCommons (Newmanthfc)

Les communautés juives de Londres sont diverses, tant par leur implantation géographique que par leurs origines ou leurs rites.

La présence juive à Londres est attestée à partir du 11e siècle. Sous le règne de William II (1087-1100), qui semble avoir favorisé leur venue, afin de contribuer notamment au développement économique de la région. Parmi les œuvres importantes de l’époque, celles d’Abraham ben Meir Ibn Ezra, Iggeret Hashabbat et Yessod Mora, écrites à Londres au milieu du 12e siècle.

Situation des juifs fluctuante selon les rois

Sous Henry II (1154-1189), de nombreux juifs s’installèrent dans la ville. Néanmoins, sous Richard I (1189-1199) qui lui succéda, une vague antisémite apparue, notamment dès le couronnement du nouveau roi avec l’attaque du quartier juif, lors de laquelle trente personnes furent assassinées, parmi lesquelles le tossafiste Jacob d’Orléans.

Si la situation des juifs londoniens se stabilisa à nouveau lors du 13e siècle, ils furent soumis à des impôts très élevés par la couronne. Des accusations antisémites de crimes rituels permirent aux autorités de justifier des taxations supplémentaires, lorsque les caisses du royaume se vidèrent ou lors des conflits entre nobles. Dans les années 1260, ces injustices résultèrent aussi dans une série de meurtres de juifs.

Sous Edward I (1274-1307), les juifs londoniens furent interdits de certaines activités économiques. En 1283, l’évêque de Londres ordonna la fermeture des synagogues. Sept ans plus tard, en 1290, l’Angleterre expulsa les juifs du royaume. Parmi les figures emblématiques qui marquèrent cette époque, on peut noter Jacob ben Judah, auteur du Etz Hayim, Joseph ben Jacob et le rabbin Moses of London.

Un très petit nombre de juifs tentèrent de se réinstaller au fil des trois siècles qui suivirent, mais les conditions furent assez rudes et le résultat final souvent l’expulsion. Au 17e siècle, les juifs purent à nouveau s’y installer. Une partie venant de France et d’autres issus des pays où sévissait encore l’Inquisition.

Jewish Museum. Photo de Joyofmuseums – Wikipedia

La synagogue historique de Bevis Marks

Sous Oliver Cromwell (1653-1658) la communauté fut entendue concernant les difficultés et menaces endurées. En 1656, une synagogue put voir officiellement le jour sur Creechurch Lane. En 1701, fut construite la toujours célèbre synagogue de Bevis Marks. Parmi les érudits de cette époque, on note David Nieto, Jacob Abendana et Joshua da Silva. Suite à l’accession au pouvoir de Guillaume d’Orange, des juifs du royaume de Hollande s’installèrent à Londres. Suivis par des juifs de Hambourg.

Les différentes communautés se développèrent le long du 18e siècle. En 1722 fut construite la synagogue de Duke’s Place. Quatre ans plus tard ce fut le tour de la Hambro Synagogue. En 1761 fut inaugurée à Westminster, la première synagogue (commune actuellement sous le nom de la Western Synagogue) située en dehors du quartier de la City.

Si le 18e siècle fut celui de l’officialisation de la présence juive et la reconnaissance de ses institutions religieuses et associatives, le 19e permit aux juifs d’accéder aux mêmes activités économiques et fonctions politiques que les autres citoyens londoniens. Ainsi, David Salomons devint le premier maire juif de la ville en 1855. Le courant libéral vit également le jour à cette époque, preuve supplémentaire de la diversité culturelle et religieuse de la communauté juive de Londres.

New London Synagogue. Photo de Mark Ahsmann – Wikipedia

Intégration des juifs d’Europe de l’Est

A la fin du 19e siècle, suite aux pogroms en Europe de l’Est, de nombreux juifs de cette région s’installèrent également à Londres. Il y avait alors ainsi près de 150000 juifs londoniens, dont 100000 habitaient dans le East End. Parmi eux de nombreux tailleurs, une dizaine de milliers. Ils firent grève en 1889 contre les conditions très dures de ce métier et l’exploitation discriminatoire par les employeurs de leur statut d’immigrants.

Au début du 20e siècle, l’immigration de juifs fut ralentie par la politique migratoire votée en 1905, mais une partie de réfugiés réussirent à s’y installer, notamment à l’approche de la Seconde Guerre mondiale, tandis que ceux qui y vivaient déjà virent l’ascension d’un mouvement fasciste. A cette époque, les juifs londoniens se concentrèrent moins dans le East End, choisissant notamment les quartiers nord de Golders Green et Stamford Hill.

Evolution contemporaine du judaïsme londonien

Cette évolution géographique se poursuivit après la guerre. Notamment dans les quartiers de Harrow, Wembley, Edgware, Stanmore, Finchley, Ilford et Palmers Green. A la fin des années 1970, il y avait 280000 juifs londoniens. Néanmoins, ce chiffre est en baisse depuis. Il est passé à 210000 en 1988, 195000 en 2002 et en 2022 à 160000.

Les communautés orthodoxes et hassidiques se trouvent principalement dans le nord de la ville (Stamford Hill). Pour tout renseignement concernant les offices, s’adresser au très aimable Board of Deputies of British Jews.

Pour une première découverte, on peut effectuer une visite guidée de la Londres juive. Pour ce faire, s’adresser aux Stepping out Walking Tours organisés par des guides professionnels de la City of London ou des Blue Badge Guides. En outre, le Musée juif propose de nombreux tours de l’East End, incluant la visite de certaines synagogues normalement fermées au public.

Une visite au British Museum s’impose. On y trouve, dans le cadre de la bibliothèque hébraïque, une impressionnante collection de manuscrits (3000 pièces) qui représente l’une des plus importantes du monde de bibles, de talmuds, de kabbales et de haggadot. Souvent enluminés, ils viennent de toute l’Europe et certains datent de plus de 1000 ans. On y trouvera aussi l’original de la déclaration Balfour de 1917.

Enfin, une visite à la Guildhall Library, spécialisée dans l’histoire de la ville de Londres, permettra de consulter de nombreux documents concernant l’implantation juive dans la capitale britannique.