Allemagne / Le Rhin

Francfort-sur-le-Main

A l’image de l’opéra voisin du quartier d’affaires, Francfort est avant tout une ville de rencontres, d’échanges fructueux dans tous les domaines et entre différentes populations depuis le Moyen-Age, mais aussi le témoin et l’acteur d’une grande violence comme ce fut le cas pendant la Shoah.

Opéra de Francfort. Photo de Jguideeurope 2025

De Goethe à l’Université de haut niveau qui porte son nom, de la rivière du Main qu’elle tutoie le long des musées et quartiers reconstruits, à son aéroport international, 4e plus grand dans le monde, même rang européen en matière de place financière, cette ville de moins d’un million d’habitants offre aux visiteurs (re)découvertes et inspiration, entre le passé et le futur, thème si cher à Hannah Arendt, comme cette vision artistique de David et Goliath posée en plein quartier de shopping…

Statue de David et Goliath. Photo de Jguideeurope 2025

Histoire

La présence juive à Francfort est très ancienne. Elle semble remonter au 12e siècle. Les plus anciennes résidences étaient situées au centre de celle-ci. Ville libre de l’Empire, Francfort accueille les juifs dès 1150, essentiellement des marchands originaires de Worms. Au fil du temps, ils furent victimes de pogroms, chassés et protégés selon les décisions politiques en cours.

En 1460, le Conseil municipal de Francfort décida d’établir un ghetto juif. Durant les deux années qui suivirent, la centaine de Juifs de Francfort furent obligés de déménager dans ce qui est connu aujourd’hui comme la Judengasse (« ruelle des Juifs »). Un secteur de la ville séparé du reste par des murs, où furent entassés jusqu’à 3000 personnes en 1610. Des grandes yeshivot s’y développèrent attirant, comme dans les villes du Rhin, des étudiants de toute l’Europe.

Malgré ces restrictions, les interactions entre Juifs et chrétiens furent nombreuses. Et dans divers domaines, qu’il s’agisse du travail, de l’artisanat, notamment la production d’objets rituels juifs par des artisans chrétiens. Mais également des rencontres d’ordre théologique entre penseurs juifs et chrétiens. Sans oublier les moments de célébration et de retrouvailles dans des établissements de la ville.

Forcée de vivre dans le ghetto, des institutions furent développées afin de gérer les affaires sociales, éducatives et religieuses. Dans le cadre de cette vie coupée par les portes du ghetto, les métiers se diversifièrent, que ce soit dans le commerce, l’artisanat, l’enseignement, les employés de maison… Bien qu’à partir du 17e siècle, de nombreux Juifs travaillaient comme marchands, notamment sur les foires, échangeant textile, épices et métaux.

Carte de Francfort en 1700. Photo de Jguideeurope 2025

Dans les années 1980, des documents anciens écrits en yiddish ont été retrouvés dans une geniza de la synagogue de Veitshöchheim. La production littéraire et musicale fut très riche pendant ces années de vie dans le ghetto.

Ce n’est qu’au tournant du dix-neuvième siècle que les juifs furent autorisés à quitter ce ghetto. Un siècle durant lequel Francfort devint un des lieux d’édition principaux d’Europe d’œuvres en yiddish. La continuité d’échanges et inspirations mutuelles entre populations juives et chrétiennes se poursuivit dans les domaines littéraires et musicaux. Ainsi, par exemple, des chants juifs étaient composés sur des mélodies de musique chrétienne et des contes chrétiens inspirés par des œuvres yiddish.

A cette époque, Mayer Amschel Rothschild (1744-1812), étudiant issu d’une famille modeste, s’intéressa aux mathématiques et à la finance. Il effectua un stage dans une banque de Hanovre. Devenant gérant de fortune au sein du ghetto de Francfort, il diversifia ses activités et se fit un nom dans le monde de la finance et au sein de la cour. Ses cinq fils s’installèrent à Londres (Nathan), Paris (James), Vienne (Salomon), Naples (Carl) et Francfort (Amschel) pour y développer la dynastie connue aussi bien pour sa réussite que pour sa générosité.

Portraits de membres fondateurs de la dynastie Rothschild. Photo de Jguideeurope 2025

Officiellement autorisé à vivre dans d’autres quartiers que la Judengasse en 1811, les Juifs déménagèrent d’abord dans le quartier environnant de l’Ostend, puis un peu plus loin dans la ville. Ils prirent pleinement part au développement culturel, éducatif, associatif et économique de Francfort. Mais ce n’est qu’en 1864 qu’ils furent considérés comme des citoyens pleinement égaux.

Une évolution graduelle que l’on peut observer notamment dans les œuvres de Moritz Daniel Oppenheim (1800-1882), le premier peintre juif à obtenir une éducation artistique académique en Allemagne. On voit dans ses tableaux à la fois des scènes familiales, religieuses et des portraits. Mais aussi des personnages participant à la vie culturelle et littéraire, représentant la manière dont Oppenheim et de nombreux Juifs embrassèrent pleinement l’émancipation qui leur tendait enfin les bras. Dans cet esprit des rencontres, un tableau d’Oppenheim datant de 1864 présente la visite de Felix Mendelssohn Bartholdy à Goethe. Le musicien juif étant fier de jouer pour le prince des poètes.

Moritz Daniel Oppenheim, « La visite de Felix Mendelssohn Bartholdy à Goethe ». Photo de Jguideeurope 2025

La vie religieuse juive de Francfort fut marquée à l’époque par cette volonté d’initiative et de diversité. Ainsi, au 19e siècle, le Rabbin Léopold Stein introduisit des réformes libérales. Ce qui encouragea des débats théologiques passionnant avec Samson Raphael Hirsch, de tendance néo-orthodoxe. Différents courants et lieu d’études apparurent alors, dont la « Libre Maison d’étude juive » où enseigna Martin Buber (1878-1965), dirigée par Franz Rosenzweig.

Trois synagogues représentèrent alors cette confrontation intellectuelle foisonnante : la synagogue massorti de Börneplatz et son rabbin Nehemias Anton Nobel (1871-1922) inaugurée en 1882 ; et la synagogue Friedberger de tendance néo-orthodoxe du rabbin Salomon Breuer (1850-1926) inaugurée en 1907 ; et la synagogue libérale de Westend, au sein de laquelle le Rabbin Georg Salzberger (1882-1975) créa un centre d’éducation juif pour adultes, inaugurée en 1910. Lorsque fut déclenchée la Première Guerre mondiale, de nombreux juifs de Francfort combattirent sous les drapeaux.

Franz Rosenzweig. Photo de l’Institut Leo Baeck

Un grand bouleversement intellectuel émergea dans les années 1920 à l’Université de Francfort avec la rencontre au sein de l’Institut de recherche sociale de grands penseurs, en majorité juifs, dont les principaux sont Max Horkheimer, Theodor W. Adorno, Herbert Marcuse et Erich Fromm. Encourageant une approche pluridisciplinaire et une vision marxiste non dogmatique, ainsi que la prise en compte de l’évolution de la société et les chaos provoqués par les guerres, nait l’Ecole de Francfort, dont le plus célèbre disciple est aujourd’hui Jürgen Habermas.

Près de 30 000 Juifs vivaient à Francfort dans l’entre-deux-guerres. Lorsque les nazis arrivèrent au pouvoir en 1933, ils ne tardèrent pas à imposer des restrictions aux juifs, les excluant petit à petit de la société à laquelle ils avaient pourtant contribué avec tant d’enthousiasme et dans tant de domaines. Suivirent les pogroms de 1938 et les déportations à partir de 1941.

Seuls quelques centaines de juifs réussirent à se cacher, protégés par des Justes. Une partie des autres réussirent à fuir, mais plus de 10 000 furent assassinés dans les camps de concentration et d’extermination. Les synagogues de la Borneplatz et de Friedberg Anlange furent détruites lors de la Nuit de Cristal du 9 au 10 novembre 1938, ainsi que le musée des Antiquités juives, fondé en 1922. Bien qu’une grande partie de sa collection fût détruite par les nazis, près de 1000 objets ont pu être retrouvés et incorporés dans le musée actuel.

80% des immeubles de la ville de Francfort furent détruits ou très endommagés. L’Amérique joua un grand rôle dans la reconstruction de la ville, ainsi que dans la lutte contre l’antisémitisme. Un processus de dénazification entrepris à travers le pays.

Synagogue Westend. Photo de Jguideeurope 2025

La veille de Rosh Hashanah 1945, le Rabbin Leopold Neuhaus organisa les prières dans ce qu’il resta de la synagogue de Westend, dont l’intérieur fut détruit par le pogrom de 1938. Des prières qui se déroulèrent face à quelques survivants et des soldats juifs américains stationnés dans la ville. En 1948, la ville, ainsi que la région, s’engagèrent à subventionner les réparations. Elle fut donc reconstruite et réinaugurée en 1950. Elle accueille aujourd’hui un rite orthodoxe. Une salle se trouvant à l’intérieur du bâtiment accueille un rite libéral.

Le souci d’honorer la mémoire des nombreuses victimes de la Shoah, mais aussi de souligner l’importance de l’histoire juive de Francfort, motiva la création d’une commission qui enquêta sur cette histoire, avec l’aide de des autorités locales. Créée en 1961, cette commission inclut Max Horkheimer, le rabbin Kurt Wilhelm et le rabbin Georg Salzberger.

Judengasse. Photo de Jguideeurope 2025

La vie juive renait à Francfort principalement dans les années 1980. Un des faits qui marqua cela fut la création d’un centre communautaire à quelques pas de la synagogue Westend . Comme à Vienne, on trouve à Francfort deux musées : le Judengasse , consacré à la vie juive médiévale et le Judisches , consacré à la vie juive contemporaine. Ce dernier, aménagé dans l’ancien Palais Rothschild, fut inauguré le 9 novembre 1988 en présence du chancelier allemand Helmut Kohl, marquant le 50e anniversaire du pogrom de 1938.

En 1987, lors de travaux d’aménagement effectués sur la Borneplatz de Francfort où se situait une des anciennes synagogues, 19 anciennes maisons de la Judengasse furent découvertes. Une opposition se manifesta entre la mairie, qui souhaitait y aménager un immeuble municipal, et des personnes désirant préserver ces rares traces de l’ancien ghetto juif. Un compromis fut trouvé et 5 de ces anciens maisons furent incluses dans le musée Judengasse qui ouvrit en 1992, des habitations qui constituent l’élément central du musée.

Judisches. Photo de Jguideeurope 2025

Suite à la fin de la guerre Froide, de nombreux juifs d’Europe de l’Est s’établirent à Francfort. On estime aujourd’hui à plus de 6000 le nombre de juifs vivant à Francfort.

En 2021, l’Université Goethe de Frankfort a inauguré un département d’études juives, nommé en hommage à Martin Buber et Franz Rosenzweig. Une inauguration qui s’est déroulée le jour du 143e anniversaire de Buber, lequel avait enseigné jadis dans cette université avant d’en être chassé par le régime nazi.

Comme ce fut le cas dans de nombreux autres lieux en Europe, les Juifs de Francfort subirent une montée de l’antisémitisme au tournant du 21e siècle. Un antisémitisme de plus en plus violent depuis le pogrom du 7 octobre 2023. Parmi les victimes régulières de ces attaques, l’équipe du Maccabi Francfort.

Le Musée Judengasse

Les portes franchies à l’entrée du musée et vous plingez dans l’histoire du lieu précis. Notamment le jour où la synagogue a été brûlée sur la Börneplatz. Puis, les débats concernant le réaménagement de cet espace. Une salle présente ensuite les évolutions du quartier au fil du temps. D’anciens objets sont présentés, notamment une menorah, une Megilat Esther et la Hagadah de Pessah afin d’expliquer les rituels juifs.

Judengasse. Photo de Jguideeurope 2025

Des panneaux présentent les mesures de restriction immobilières et les fortes taxations imposées à la population juive lorsqu’elle vivait dans le ghetto. Des décrets témoignent de l’évolution du statut des Juifs de Francfort.

Élément très intéressant du musée, une table sur laquelle est dessiné l’ancien ghetto juif. Munis d’un casque, vous pouvez brancher la prise dans un des trous se référant aux différentes habitations, institutions et commerces. Des enregistrements racontent la vie au quotidien des Juifs de l’époque : les lieux, leurs fonctions, mais aussi certains personnages.

Vestiges. Photo de Jguideeurope 2025

Le musée est sur 2 niveaux. Celui d’en dessous accueille les fondations d’anciennes bâtisses (maisons, puit, mikvé…) du ghetto et les raisons fondatrices de ce musée. Des petits livres posés à côté des sièges expliquent la vie des juifs d’antan, ainsi que certains rites, comme par exemple la préparation des matzots. Parmi les objets présentés à ce niveau, certains retrouvés lors des travaux d’aménagement du quartier, notamment un coussin de circoncision datant du 18e siècle.

Un espace est dédié à la littérature et à la musique avec la présentation de 13 anciens parchemins. Parmi eux, un livre du 18e siècle, retrouvé dans une gueniza, Avec un dessin pour illustrer le texte d’un personnage qui fait penser à un petit peu à un super héros de Marvel. Parmi les objets très précieux, mahzor du 14e siècle.

Vestiges. Photo de Jguideeurope 2025

Le musée effectue ici un grand effort pour humaniser la vie ancienne des juifs du ghetto, racontant des histoires personnelles avec des objets qui le sont tout autant. Avec des cartes présentant les lieux où ils habitaient, dans cet effort de reconstitution. Ce qui permet de montrer que les traces du passé ne se limitent pas aux pierres. Dans les immeubles qu’elles constituaient et entre les murs se partagèrent des écrits, des histoires, des paroles… par des personnages tantôt en couleurs tantôt pastel, rassurés ou inquiets selon les époques.

Ancien quartier juif. Photo de Jguideeurope 2025

En sortant de la salle, des panneaux racontent l’histoire des juifs de Francfort à travers les siècles, résumée à travers quelques photos de lieux et moments emblématiques. Et d’autres curiosités dans cette allée, comme ces tuyaux utilisés en guise de canalisations.

Pierres du souvenir. Photo de Jguideeurope 2025

Une fois la visite du musée terminée, en prenant à droite, vous longez l’enceinte de l’ancien cimetière juif sur laquelle sont posées des pierres de souvenirs pour les victimes de la Shoah. Afin de visiter ce lieu, vous devez demander au musée une clé vous permettant d’y avoir accès. Comme dans l’ancien cimetière juif de Prague ou d’autres villes allemandes telle Worms, de très vieilles pierres tombales sont présentes.

Ancien cimetière juif. Photo de Jguideeurope 2025

Entre les deux musées juifs de la ville se trouve la « nouvelle vieille ville », restaurée après la guerre. N’hésitez pas à prendre le temps de vous y balader pour découvrir une forte densité de monuments : bâtiments officiels, lieux de culte et musées.

Vieille ville. Photo de Jguideeurope 2025

Notamment la très belle cathédrale impériale de Francfort avec ses impressionnants orgues.

Orgues de la cathédrale de Francfort. Photo de Jguideeurope 2025

Mais aussi le centre du marché historique de Römerberg avec ses attractions festives été comme hiver, le musée Historique de Francfort, le musée de la Caricature et le musée Goethe.

Musée Goethe. Photo de Jguideeurope 2025

Une plaque de bronze conçue par le tailleur de pierre Uwe Risch, posée en 2000 au 22 Braubachstrasse commémore la persécution des Sinti et des Roms par les nazis.

Plaque commémorative pour les victimes Rom. Photo de Jguideeurope 2025

Le musée Judisches

La visite débute au 3e étage, un nouvel étage consacré à la vie contemporaine juive de Francfort. On y est accueilli par un écran sur lequel on voit différents visages appartenant à différentes générations. Et puis, en entrant dans la pièce, est racontée l’histoire de ces personnages, avec d’anciennes photos et des objets personnels. Parmi ces photos émouvantes et étonnantes, celle de la visite de l’équipe de hockey sur glace d’Allemagne au Maccabiades de 2017. On les voit poser devant le Mur de Jérusalem en uniforme, dont certains mêmes avec les patins aux pieds !

Photo de l’équipe de hockey sur glace à Jérusalem. Photo de Jguideeurope 2025

On traverse le 20e siècle. En évoquant les discriminations, l’antisémitisme, la libération de Francfort par les soldats américains, leur travail pour dénazifier le pays et ses institutions. Mais aussi des histoires personnelles de gens qui ont réussi à survivre et ont eu confiance en un retour possible en Allemagne, dans le cadre d’une reconstruction éventuelle d’une vie juive à Francfort. Parmi les symboles contemporains de cette reconstruction, le Maccabi Francfort, avec ses heures de gloires, mais aussi les attaques antisémites dont il fut victime et continue de l’être régulièrement.

Autre thématique contemporaine complexe abordée : la restitution des œuvres d’art spoliées pendant la guerre. Le musée présente l’histoire d’un tableau de Matisse, volé et récupéré bien plus tard…

En sortant de la grande salle principale, on arrive sur une série de petites salles. La première desquelles raconte comment le bâtiment fut légué par la famille Rothschild afin de servir de musée juif. Ensuite sont présentés les tableaux du peintre Daniel Moritz Oppenheim. Des œuvres bibliques, dont un impressionnant Moïse, ainsi que celles racontant la vie juive de Francfort au 19e siècle et la grande rencontre entre Mendelssohn Bartholdy et Goethe.

Récits en forme de cartes postales. Photo de Jguideeurope 2025

Les grands esprits n’accouchant pas toujours de grandes idées. La salle suivante est dédiée aux phrases antisémites tristement célèbres de penseurs référentiels à travers le temps. Puis, on découvre des œuvres d’artistes locaux contemporains, ainsi que la vie d’habitants juif de Francfort au 20e siècle, à travers une série de cartes postales derrière lesquelles est racontée chaque histoire.

Ask a rabbi. Photo de Jguideeurope 2025

Le 2e étage du musée est consacré à la tradition juive et aux rituels : Un verre de kiddouch, un shofar, deux grandes menoroth et une parokhet. Une autre salle présente l’histoire de la pensée juive à Francfort qui, comme nous l’avons indiqué auparavant, fut assez riche. Et si vous avez toujours des doutes et des interrogations concernant les différents courants de pensée juive qui sont nés et qui ont se sont développés à Francfort, dans une belle harmonie, vous pouvez « poser une question à rabbin ». Mêlant pensée biblique et outils technologique, un dispositif vous permet de poser des questions à des rabbins de courants différents sur des thématiques qui le sont tout autant. Et ainsi écouter leurs paroles enregistrées sur ces thèmes-là, voire de les comparer et de vous nourrir de plusieurs interprétations.

Kaiserhofstrasse 12. Photo de Jguideeurope 2025

La première pièce du premier étage est dédiée à la famille Senger. Des photos et témoignages ainsi que le livre Kaiserhofstrasse 12, racontant l’histoire de cette famille d’origine russe et ce qui leur arriva pendant la guerre.

Une autre salle présente brièvement l’histoire de la dynastie des Rothschild. Ses origines à Francfort et son développement en Europe, ainsi que toutes les activités dans lesquelles la famille s’est investie. Parmi ces activités, la principale étant probablement la tsedaka. Ce terme signifiant « justice » et non « charité », comme il est communément traduit. Justice de ceux qui ont la chance de réussir dans leur domaine, tout en étant généreux avec autrui par les dons financiers, celui de leur temps et/ou de leur talent. On y découvre donc l’histoire des cinq fils Rothschild, mais aussi des femmes de la famille qui ont joué un grand rôle.

Hommage à Anne Frank. Photo de Jguideeurope 2025

La visite du musée se termine dans la salle dédiée à Anne Frank (1929-1945). À l’histoire de la jeune fille et à celle de son père qui, après-guerre, partagea les écrits de sa fille dans une démarche de Tikoun olam.

D’Est en Ouest

Lors de la tristement célèbre Nuit de cristal, du 9 au 10 novembre 1938, les nazis déclenchèrent des pogroms dans tout le pays et détruisirent de nombreuses synagogues, habitations et commerces appartenant à des juifs allemands. Parmi les synagogues détruites, celle de Friedberger Anlage . Sur les ruines de laquelle les autorités firent construire un bunker en 1942. Elle était située dans le quartier de l’Ostend, développé au milieu du 19e siècle afin d’accueillir des commerçants et artisans des classes moyennes et populaires.

Synagogue Friedberger. Photo de Jguideeurope 2025

De nombreux juifs s’y étaient installés dès le début du 19e siècle, lorsqu’ils furent autorisés à sortir du ghetto. Ainsi, vers 1895, les juifs constituèrent près d’un quart de la population du quartier.

Après la guerre, le bunker fut transformé en lieu de commémoration, avec un espace racontant l’histoire des juifs dans ce quartier du début du 19e siècle à la Seconde Guerre mondiale. Sur ses murs, des références aux kibbutzim victimes du pogrom du 7 octobre 2023.

Synagogue Baumweg. Photo de Jguideeurope 2025

Si les juifs retournèrent timidement dans l’Ostend après-guerre, ils choisirent plus souvent de s’installer dans le Westend. En effet, seules quelques institutions sociales demeurent dans l’Ostend, ainsi que la synagogue de Baumweg .

Synagogue Westend. Photo de Jguideeurope 2025

Cet ancien immeuble accueillant un jardin d’enfants juifs confisqué par les nazis, devint une synagogue à partir de 1945.

Synagogue Westend. Photo de Jguideeurope 2025

C’est donc le quartier de Westend qui regroupe la majorité des institutions contemporaines, comme le précise le site de la communauté juive de Francfort. La synagogue est indéniablement une des plus belles d’Europe, restaurée dans la magnificence de son origine quelques décennies plus tard.

Synagogue Westend. Photo de Jguideeurope 2025

A quelques centaines de mètres au-dessus de la synagogue se trouve le très beau campus de l’université Goethe de Francfort. Avec ses bâtiments, chacun dédié à une faculté et ses longues pelouses qui les dessinent, dans un esprit de légère insouciance. Un campus à l’américaine avec une pensée allemande profonde, qui rappelle le campus de Ramat Aviv et celui l’université Hébraïque de Jérusalem.

L’Université Goethe. Photo de Jguideeurope 2025

Sur la Theodor W. Adorno Platz , nommée en hommage à un des fondateurs de l’école de Francfort, se trouve un bureau, une chaise, une lampe et d’autres objets posés sur le bureau, le tout sous une cloche de verre. Une œuvre de l’artiste russe Vadim Zakharov, inaugurée en 2003 afin de marquer les 100 ans du penseur.

Theodor W. Adorno platz. Photo de Jguideeurope 2025

A une vingtaine de mètres, une autre œuvre intrigante et symbole de l’ouverture d’esprit et d’échange de la ville et en particulier de son université, le « Body of Knowledge », créé par l’artiste espagnol James Plensa en 2010, composée de lettres de différents alphabets.

Body of Knowledge. Photo de Jguideeurope 2025

En remontant la Theodor W. Adorno platz et la Max Horkheimer strasse, à deux kilomètres au nord, dans le quartier de Dornbusch, est situé le parc Sinaï. A 300 mètres duquel vous verrez, sur la Ganghoferstrasse, l’ancienne maison de la famille d’Anne Frank avant leur déménagement à Amsterdam en 1934.

Première maison de la famille Frank. Photo de Jguideeurope 2025

Trois arrêts de tram séparent l’université Goethe de la maison d’Anne Frank, moyen de transport également pratique pour revenir au centre-ville.

Tram avec une publicité pour le Maccabi Francfort. Photo de Jguideeurope 2025

Et qui sait, vous serez peut-être dans un tram portant les couleurs du Maccabi Francfort…


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