Allemagne

Leipzig

Synagogue de Leipzig ©WikiCommons (Nkunin)

Une communauté juive est mentionnée à Leipzig à la fin du XIIe siècle. Dans le second quart du XIIIe siècle, la communauté est organisée, et compte une synagogue et une école.

La position centrale de la ville attirait les marchands juifs qui voyageait de toute l’Europe pour se rendre à la Foire de de Leipzig. D’ailleurs, en 1268, les règles de la Foire garantissent la protection de tous les marchands et le jour de marché est déplacé du samedi au vendredi par considération pour les commerçants juifs.

Une implantation juive permanente est fondée à Leipzig en 1710. Le nombre de ménages juifs « privilégiés » autorisés de résidence dans la ville est estimé à 7 au milieu du XVIIIe siècle.

Vieille synagogue de Leipzig. Gravure d’Alfred Krauße, d’après un dessin d’Adolf Eltzner, 1850

Développement tardif

Cependant, la communauté juive en tant qu’organisation officiellement reconnue par l’État n’a été créée qu’en 1847 et ce n’est qu’à cette date-là qu’elle a été autorisée à s’établir à Leipzig sans aucune restriction. Après 1869, avec l’abolition de toutes les restrictions anti-juives, le nombre de Juifs augmente considérablement grâce à l’immigration de Galicie et de Pologne.

Bien que la plupart des Juifs étaient des marchands ambulants, moins de cent ans après sa fondation, la communauté juive de Leipzig comptait 11 564 membres, ce qui en faisait la sixième communauté juive d’Allemagne et la plus grande de Saxe. Le maire de la ville de 1930 à 1937, Carl Friedrich Goerdeler, bien que national-conservateur, était un adversaire reconnu du régime nazi en Allemagne. Il a démissionné en 1937 lorsque, en son absence, son député nazi a ordonné la destruction de la statue de Felix Mendelssohn.

Pendant la Nuit de cristal, en 1938, 553 hommes juifs furent arrêtés, des centres communautaires détruits, ainsi que l’un des bâtiments les plus importants de la ville sur le plan architectural : la synagogue mauresque datant de 1855. Les déportations débutent le 21 janvier 1942 et durent jusqu’au 13 février 1945, date à laquelle les 220 derniers Juifs sont déportés à Theresienstadt. En 1945, il ne restait que 15 Juifs dans la ville. Deux cents personnes sont revenues de Theresienstadt pour reformer une communauté. En 1989, la ville comptait 30 juifs, cependant, l’immigration en provenance de l’ancienne Union soviétique l’a aidé à se développer. En 2012, la communauté juive comptait 1300 membres à Leipzig.

Mémorial de la Shoah de Leipzig

La synagogue Brody

La petite synagogue construite en 1897 est agrandie en un bâtiment de deux étages en 1933; la salle de prière se trouvait au premier étage et le deuxième étage abritait une bibliothèque et des salles de travail. Lors de la nuit de cristal, en novembre 1938, les fenêtres de la synagogue sont brisées et l’intérieur saccagé. Dans un souci de sécurité des habitations voisines, la synagogue n’est cependant pas incendiée.

Au début de 1939, les nazis, voulant convaincre le monde de leur tolérance, obligent la communauté à rénover la synagogue à temps pour la foire de Leipzig. Peu de temps après, ils en reprennent possession et transforment le bâtiment en fabrique de savon. Le bâtiment a été rendu à la communauté juive en 1945, après quoi il a de nouveau été utilisé comme synagogue. En 1993, l’intérieur et l’extérieur de la synagogue ont été restaurés. Aujourd’hui, Leipzig abrite la communauté juive la plus active de l’Allemagne centrale. De fait, la synagogue Brody détient le seul quotidien de Minyan dans la région.

Les cimetières

À Leipzig, il y a deux cimetières juifs. Le  nouveau cimetière est utilisé depuis 1927. En avril 1972, les travaux de rénovation du hall des célébrations ont commencé, ainsi que la rénovation de l’espace rituel.  L’ancien cimetière est situé rue Berliner Straße.

Le mémorial de la Shoah

Sur le site de la synagogue mauresque, se trouve aujourd’hui le  mémorial de la Shoah. Cette installation émouvante est composée de 140 chaises vides en bronze, représentant les 14 000 Juifs priaient à cet endroit et reprend le plan du sol de la synagogue.

La communauté aujourd’hui

Le  centre communautaire organise des conférences et des activités. En 2006, un mikveh a été ouvert à la même adresse. Dernièrement, en 2019, le  Café Salomon a été inauguré. Il s’agit du premier restaurant casher de Leipzig depuis la Shoah.

En 2010, deux rabbins ont été ordonnés à Leipzig lors d’une cérémonie qui se déroula dans une petite synagogue de la ville. Elle marque l’accroissement de la communauté juive, notamment grâce à l’arrivée de juifs d’Europe de l’Est depuis la réunification. Une communauté qui avait avant-guerre 12000 membres, 30 seulement à la chute du Mur de Berlin en 1989 et près de 1300 en 2010.