France / Alsace

Hegenheim

Cimetiere juif de Hegenheim. Photo de Jüdischer Friedhof III – Wikipedia

La présence juive à Hegenheim semble dater au moins du 17e siècle. 14 familles juives y furent dénombrés en 1689. La vie juive s’y développa, la communauté passant à plus de 400 personnes à la veille de la Révolution française. Une des plus grandes d’Alsace à l’époque, le nombre de ses fidèles déclina avec le temps. Ainsi, en 1936, il ne restait plus que 36 juifs à Hegenheim.

À la frontière franco-suisse,  le cimetière de Hegenheim, de plus de 2 hectares, possède des pierres de 1673, l’année de son ouverture. Il est le seul en Alsace à avoir conservé une stèle funéraire en bois dont l’original est exposé au Musée juif de Bâle. Bâle, ville commerçante toute proche, fut longtemps un pôle d’attraction pour de nombreuses populations. Les juifs hégenheimois n’y obtenant pas le droit de cité, ils s’installèrent sur ces terres alsaciennes et, durant deux siècles, le cimetière de Hegenheim servit aux communautés de la région, y compris de la Suisse voisine. C’est aujourd’hui un émouvant lieu de mémoire où vous déambulerez à travers plus de 7000 tombes et découvrirez des pierres rongées par le temps, envahies de lierre ou égarées dans les sous-bois.

Jadis dans un bourg alsacien

« On ne voyait [rue des Juifs] que de grandes ombres grises, de hautes bâtisses décrépites, sillonnées de chêneaux rouillés; et toute la Judée pendait aux lucarnes d’alentour, jusqu’à la cime des airs, ses bas troués, ses vieux jupons crasseux, ses culottes rapiécées, son linge filandreux. À tous les soupiraux apparaissaient des têtes branlantes, des bouches édentées, des nez et des mentons en carnaval; on aurait dit que ces gens arrivaient de Ninive, de Babylone, ou qu’ils étaient réchappés de la captivité d’Égypte, tant ils paraissaient vieux.»

Emile Erckmann et Alexandre Chatrian, L’Ami Fritz, Strasbourg, Edito, 1966