Lettonie

Riga

Riga Synagogue. Photo de FLLL – Wikipedia

La capitale compte 9000 juifs environ. On y trouve le seul hôpital juif de l’ex-URSS.  La société lettone pour la culture juive est la principale organisation d’une communauté dans l’immense majorité laïque.

La capitale lettone demeure aujourd’hui un centre financier et culturel important. La présence juive à Riga remonte au moins au 13e siècle. Expulsés au 14e siècle, ils se réinstallèrent à partir de 1561 lorsque la Pologne contrôla le territoire. Auparavant obligés d’enterrer leurs morts en Pologne, les juifs lettons obtinrent la permission de construire un cimetière en 1725. Malgré l’amélioration de leur situation, il n’y avait au milieu du 18e siècle qu’environ deux cents juifs à Riga. La plupart étant des artisans, intellectuels et médecins.

Au 19e siècle, la population juive passa de 513 en 1824 à plus de 20000 en 1897. En 1935, la communauté juive atteint son apogée avec 43672 membres, ce qui représentait alors 11 % de la population de Riga. L’immense majorité de ceux qui n’avaient pas pu fuir l’invasion nazie fut massacrée pendant la Shoah.

Suite à la défaite allemande, la communauté se reconstitua, notamment avec des juifs originaires d’autres parties de l’Union soviétique. Ainsi, ils étaient 23000 en 1989, avant la chute de l’empire soviétique et l’indépendance retrouvée de la Lettonie. Une bonne partie d’entre eux migrèrent vers Israël, l’Angleterre et les Etats-Unis.

L’indépendance de la Lettonie permit le renouvellement de la vie juive, comme l’illustrèrent l’ouverture d’écoles juives et de yeshivoth au début des années 1990.

Il subsiste peu d’édifices religieux.  La synagogue Kar Schul, ouverte en 1871 et située au numéro 25 de la rue Gogol a été brûlée en 1941. Plusieurs centaines de personnes ont péri, enfermés à l’intérieur.

Il en reste des ruines ainsi qu’un monument commémoratif de pierre grise sur lequel est gravé une étoile de David.

Synagogue Peitav. Photo de Avi1111 – Wikipedia

La  synagogue de la rue Peitavas, construite en 1905, a pu être restaurée car, utilisée par les nazis comme entrepôt, elle échappa à la destruction. Elle est aujourd’hui à nouveau un lieu de culte.

Le Musée juif est situé dans l’immeuble historique qui abritait l’ancien théâtre juif. Le centre communautaire actuel s’y trouve également. Le musée présente une exposition sur l’histoire des juifs de Lettonie et une vidéo retraçant le déroulement de la Shoah dans le pays. Il consacre également une section à plusieurs juifs célèbres, natifs de Riga.

Parmi eux : le philosophe israélien Yeshayahu Leibowitz, penseurs original et controversé d’une stricte orthodoxie ouverte sur la modernité et pacifiste de gauche ; le philosophe du politique, Isaiah Berlin (1909-1997), devenu citoyen britannique et professeur à Oxford ; le grand rabbin Avraham Kook (1865-1935), qui fut le mentor du mouvement sioniste religieux et le premier Grand Rabbin de Palestine sous le mandat britannique.

Synagogue chorale (photo prise dans les années 1930). Photo by Kalnroze – Wikipedia

Sur l’immeuble de la  rue Alberta où vécut sir Isaiah Berlin est apposée une plaque commémorative (il s’agit du seul immeuble à façade jaune de la rue).

Celui-ci, comme tous ceux de la même rue, est dû à l’architecte russe Eisenstein, père du célèbre cinéaste.

L’ancien cimetière juif est désormais transformé en parc.  Le nouveau cimetière juif, créé en 1920, comprend plusieurs milliers de stèles, et les registres de décès consultables couvrent la période de 1951 à nos jours.

Il existe à l’université de Riga un  Centre pour les études juives, fondé en 1998 et dirigé par le professeur Ruvin Ferber. Il comprend une bibliothèque.

Mémorial sur le lieu de l’ancienne synagogue chorale. Photo de Kalnroze – Wikipedia

Les visiteurs généalogistes qui souhaitent retrouver les traces de leur famille peuvent d’adresser aux  Archives historiques d’État, qui possèdent des documents sur la plupart des villes et villages à présence juive avant la Shoah.

On notera que le kibboutz Shefayim, en Israël, héberge l’Association des juifs originaires d’Estonie et de Lettonie, qui possède une bibliothèque et des archives importantes sur la vies des shtetlekh d’avant la Shoah.

Des monuments en souvenir des juifs de Riga massacrés pendant la Shoah ont été érigés dans les forets de Rumbala et Bikernieki. Du 30 novembre au 8 décembre 1941, 25000 juifs furent assassinés par les nazis dans la forêt de Rumbala. Suite à un long combat avec les autorités soviétiques après la guerre, la communauté juive locale obtint le droit en 1964 d’y installer une pierre mémorielle. Le mémorial actuel, au centre duquel se trouve une menorah, a été construit en 2002.

Entre 1941 et 1944, 35000 personnes furent assassinées dans la forêt de Bikernieki, principalement des juifs et des opposants politiques du régime nazi. Environ 20000 juifs y sont enterrés. Une structure métallique symbolisant les horreurs de la Shoah a été érigée en 2001, des milliers de pierres en granite entourant un cube noir.