À Tarnów, la moitié de la population était juive : entre 20000 et 25000 personnes occupées principalement dans les métiers de la confection et de la chapellerie (une soixantaine d’entreprises), l’artisanat et le commerce. Certains étaient de riches marchands, des avocats, des médecins, et se faisaient construire de belles maisons qui dominent encore la rue Walowa. D’autres, plus pauvres, se concentraient surtout dans les quartiers populaires autour de la rue Zydowska, des rues Warynskiego, Lwowska, Szpitalna. Des intellectuels de renom sont nés à Tarnów ou y ont vécu, comme l’écrivain Adolf Rudnicki (1912-1990), bien connu en France, chantre du ghetto de Varsovie (Les Fenêtres d’or, Paris Gallimard, 1966).
Le vestige le plus important, mais aussi le plus « dérisoire » de cette ancienne vie juive est la bimah de la vieille synagogue de la rue Zydowska : la synagogue elle-même a été rasée et il n’en subsiste qu’un espace vert, au milieu duquel se trouve cette ancienne bimah de pierre, qui fait penser à une fontaine.
Derrière la bimah, prenez la rue Rybna et remarquez les anciennes maisons juives aux cours parcourues de galeries à l’étage. Au-delà de la rue Walowa, se tenait, dans la rue Goldhammer, la maison de prière de la communauté juive, où les offices n’ont plus lieu depuis 1980, faute de minyan. Un peu plus loin, dans ce qui fut le ghetto, se trouve la place Wiezniow Oswiecima (« des Prisonniers d’Auschwitz ») et la place Bohaterow Getta (« des Héros du Ghetto ») où s’élève un monument aux victimes de l’Holocauste, non loin de l’ancien mikveh devenu établissement de balnéothérapie.
En empruntant la rue Nowodabrowska, vous parvenez au cimetière juif , dans la rue Sloneczna. Il date de 1583 et est l’un des plus anciens de la région. Il est encore ouvert, bien que dévasté : les tombes les plus riches ont été détruites ou volées. À l’entrée, s’élève une colonne provenant de la Nowa (« Nouvelle Synagogue ») et commémorant le massacre de 25000 juifs de Tarnów, à l’emplacement où eurent lieu les premières exécutions de masse, le 11 juin 1942.