France / Alsace

Strasbourg

Capitale régionale, Strasbourg accueille également le Parlement européen comme vous l’indique la ville dès la sortie de la gare. Cette magnifique ville, au cœur de nombreux conflits politiques, nationaux et religieux pendant des siècles, offre aux visiteurs de nombreuses thématiques et promenades culturelles…

Strasbourg, une des capitales européennes. Photo de Jguideeurope 2024

Histoire

L’histoire juive est ici constamment présente. Ne dit-on pas que la rue de la Nuée-Bleue doit son nom à la nuée qui précédait les juifs chassés de la ville en 1349, et que la rue Brûlée évoquerait les juifs brûlés vifs cette même année pour avoir refusé le baptême ?

La présence juive à Strasbourg est attestée depuis le 12e siècle et serait selon certains chercheurs plus ancienne encore. La communauté disposait d’une synagogue, un mikvé et un cimetière. Le jour de la Saint-Valentin, le 14 février 1349, la population juive de Strasbourg fut massacrée. Les quelques juifs qui avaient fui à temps retrouvaient graduellement le droit de revenir à Strasbourg, principalement suite à une ordonnance de 1375. Mais leur bannissement fut promulgué en 1389. Il demeura en vigueur jusqu’à la Révolution française. Pendant tous ces siècles, ils avaient le droit d’y séjourner pour le travail, mais devaient payer une taxe d’entrée. Ils habitaient alors dans des villages de la région, plus accueillants. Au début du 17e siècle, la population juive alsacienne connait une progression. A la fin de ce siècle, le rabbinat des juifs d’Alsace est créé.

Rue des Juifs. Photo de Jguideeurope 2024

A la veille de la Révolution, certains juifs réussirent à faire avancer timidement l’émancipation des leurs. Mais celui qui marqua le plus les esprits fut sans conteste Hirtz de Mendelsheim, plus connu sous le nom de Cerf-Berr. Entrepreneur auprès des armées du Roi, il réussit, non sans difficulté, à obtenir le droit de s’installer à Strasbourg dans les années 1770. Il lutta avec acharnement pour l’émancipation des juifs, réussissant à faire supprimer en 1784 le péage corporel infligé aux juifs. Il aida également la ville de Strasbourg à lutter contre la famine. Du 19 au 25 mai 1789, une délégation composée de 37 délégués se réunit à Strasbourg afin d’y rédiger le cahier des « doléances et des vœux de la nation juive d’Alsace ».

Néanmoins, ce n’est qu’après la Révolution, en 1791, que les juifs furent officiellement autorisés à s’installer à Strasbourg. La communauté commença à se constituer, avec comme premier rabbin David Sinzheim, le beau-frère de Cerf-Berr. Le Grand Sanhédrin se réunit le 9 février 1807, présidé par David Sinzheim, qui sera nommé plus tard Grand rabbin du Consistoire central de France.

L’élément central est constitué d’une salle carrée de 3 mètres de côté en grès gris surmonté de briques rouges. Dans chaque angle, subsistent des corbeaux de facture romane.
Mikve de Strasbourg. Photo de Camillek – Wikipedia

De 1811 à 1834, les fidèles se réunissent dans l’ancien Poêle des Drapiers, puis dans une synagogue érigée rue Sainte-Hélène en 1834. Le développement rapide de la communauté nécessita l’ouverture d’une nouvelle synagogue, rue Sainte-Hélène. Construite par l’architecte Ludwig Lévy, la synagogue du Quai Kléber est inaugurée le 8 septembre 1898, remplaçant les lieux de culte juifs précédents.

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, la ville comptait 10 000 juifs strasbourgeois. Suite à la capitulation de la France, ils s’échappèrent vers d’autres régions, reconstituant leur communauté, principalement à Périgueux et Limoges. René Hirschler, le grand rabbin de Strasbourg, assura le lien avec les juifs strasbourgeois dispersés et entreprit un travail courageux pour sauver les prisonniers susceptibles d’être déportés. La mobilisation dans la Résistance et au secours des populations se fit également par l’intermédiaire d’associations telles les EEIF et l’OSE. Nombreux de ces résistants strasbourgeois périrent les armes à la main.

Lieu de l’ancienne synagogue Quai Kléber. Photo de Jguideeurope 2024

La monumentale synagogue du quai Kléber fut incendiée par les nazis en 1940. Mille juifs strasbourgeois furent assassinés pendant la Shoah. Au lendemain de la guerre, huit mille juifs se réinstallèrent dans la ville.

De 1950 à 1958, la ville met à disposition des juifs strasbourgeois un bâtiment de l’ancien Arsenal. La synagogue de la Paix a été construite par l’architecte Claude-Meyer-Lévy, pouvant accueillir 1600 fidèles. Sa façade principale est ornée d’une vague d’étoiles de David. En 1958, la communauté strasbourgeoise inaugura ce nouveau grand lieu de culte. À l’intérieur, vous admirerez l’arche sainte, dont les formes audacieuses mettent en valeur une tapisserie de l’artiste Jean Lurçat.

Synagogue de la Paix. Photo de Jguideeurope 2024

Souhaitant y construire une nouvelle imprimerie, Oscar Berger-Levrault fait démolir en 1868 de vieux bâtiments à l’angle de la rue des Juifs et de la rue des Charpentiers. Un mikvé datant de la première moitié du 13e siècle fut découvert à cette occasion, mais pas préservé ni même photographié. Mis au jour en 1984, à l’occasion de travaux dans la rue des Juifs, le mikvé représente la plus ancienne trace de la présence juive alsacienne. L’élément central est constitué d’une salle carrée de 3 mètres de côté en grès gris surmonté de briques rouges. Dans chaque angle, subsistent des corbeaux de facture romane.

Synagogue de l’Esplanade. Photo de Jguideeurope 2024

La synagogue de l’Esplanade a été inaugurée le 12 avril 1992, rue de Nicosie. Dans un quartier marquant à l’époque la croissance de la population juive un peu plus loin du centre-ville.

Comme le confirma Alain Fontanel, l’adjoint au Maire de Strasbourg, en 2018 au site Akadem, suite au décès de Simone Veil, la ville avait souhaité lui rendre hommage. Ainsi, l’Avenue de la Paix, fut renommée Avenue de la Paix – Simone Veil. Afin d’honorer ses combats pour les droits des femmes, l’unité européenne et la mémoire de la Shoah. Une nomination très forte symboliquement puisque cette avenue fut nommée auparavant la rue allemande, puis la rue Daladier et pendant l’occupation, la rue Hermann Goering !

En 2019 a été inaugurée la place Jean Kahn, située en face de la synagogue. Cela, en hommage à cette grande figure du judaïsme français. Un an plus tôt avait été rouvert le mikvé de la rue des Charpentiers. Chose rare en France, la population juive de Strasbourg augmente ces dernières années, avec le développement d’institutions et la diversification de courants, orthodoxes et libéraux.

Entrée de la Cathédrale. Photo de Jguideeurope 2024

Au Musée alsacien un petit oratoire de campagne est reconstitué avec sa bibliothèque, son rouleau de Torah et sa lampe de shabbat. Deux autres salles sont encore consacrées au judaïsme. On y trouvera quelques pièces curieuses, comme une étoile de David en bois sculpté avec aigle impérial bicéphale de 1770.

Mais aussi des panneaux en hébreu et en français provenant de la synagogue de Jungholtz appelant les bénédictions divines sur l’empereur Napoléon III, et un tableau commémorant l’« Inauguration d’un Pentateuque à Reichshoffen le 7 novembre 1857 », émouvante évocation de ferveur et de patriotisme.

Musée de l’Oeuvre Notre-Dame. Photo de Jguideeurope 2024

Dans la cour du  musée de l’Oeuvre Notre-Dame consacré aux arts de la région de Strasbourg entre le XIe et le XVIIe siècle, on peut voir des stèles funéraires juives provenant du cimetière médiéval qui se situait à l’emplacement de l’actuelle place de la République.

Sources, Encyclopedia Judaica, judaisme.sdv.fr, Akadem

Itinéraire

Nous vous proposons cet itinéraire, vous permettant de découvrir les lieux mentionnés lié à la vie juive strasbourgeoise ancienne et contemporaine. Un parcours d’un peu moins de 4 kms en partant de la gare de Strasbourg.

Lieu de l’ancienne synagogue Quai Kléber. Photo de Jguideeurope 2024

En prenant la rue Kuhn, vous arrivez quai Kléber, où se trouvait l’ancienne synagogue incendiée. Des photos d’époque commémorent le lieu. Longez le quai par la gauche, jusqu’à la rue du Général de Castelnau et celle de son collègue le Général Rapp.

Rue Sellénick. Photo de Jguideeurope 2024

La rue Sellénick et ses alentours constituent un petit shtetl avec ses écoles, lieux culturels, comme la librairie du Cédrat et restaurants cachers.

Photo de Jguideeurope 2024

A deux cents mètres à peine, en prenant la rue Strauss Durkheim vous tomberez sur la synagogue de la Paix, à côté de laquelle se trouve la place Jean Kahn.

Synagogue de la Paix. Photo de Jguideeurope 2024

L’avenue de la Paix Simone Veil a été nommée ainsi en hommage à la première présidente du Parlement européen qui par cette nomination et surtout ces engagements pour la mémoire et les droits des femmes symbolise cette volonté et réalité de la paix vécue en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Photo de Jguideeurope 2024

L’avenue vous mène à la très belle place de la République, entourée du Palais du Rhin, de la Bibliothèque universitaire et du Théâtre national.

Place de la République. Photo de Jguideeurope 2024

A côté de celui-ci, la Passerelle des Juifs vous mène au quai Lezay Marnesia.

Photo de Jguideeurope 2024

Prenez la rue du Parchemin qui se prolonge sur la rue des Juifs et où vous découvrirez l’ancien mikvé. La visite de celui-ci, comme celle de la synagogue doit être organisée en coordination avec les institutions juives.

Ancien mikvé. Photo de Jguideeurope 2024

A la fin de cette rue, vous découvrirez en face de l’ancienne maison du Kammerzell, la magnifique cathédrale de Strasbourg.

Cathédrale de Strasbourg. Photo de Jguideeurope 2024

Avec ces sculptures et sa fameuse horloge. Une horloge qui par toutes ses références et inspirations vous fera voyager en mode spatio-temporel.

Horloge de la cathédrale. Photo de Jguideeurope 2024

Elle vous indiquera aussi qu’il est l’heure de conclure cette belle visite par le musée alsacien et le musée de l’œuvre-Notre-Dame, situés juste en bas.

Place Gutenberg. Photo de Jguideeurope 2024

Vous pourrez poursuivre votre visite de différentes manières, selon vos envies et tentations de tout ce que cette très belle ville propose dans un périmètre de quelques centaines de mètres de là.

Petite France. Photo de Jguideeurope 2024

Les musées des Beaux-Arts, archéologique, celui de la ville de Strasbourg ou le Palais Rohan. Les magasins, restaurants et attractions saisonnières… ou le simple plaisir de se reposer sur une terrasse des quais de l’Ill ou déambuler dans le quartier historique de la Petite France et sur le Pont Vauban, à hésiter sur quelle rive retourner et prolonger le plaisir d’être à Strasbourg.

Pont Vauban. Photo de Jguideeurope 2024

Nous avons eu le plaisir et l’honneur de visiter le Musée de l’Œuvre Notre-Dame avec Jean-Pierre Lambert, président de la société d’histoire des Israélites d’Alsace et de Lorraine et un des membres de l’équipe alsacienne à l’origine des Journées européennes de la culture et du patrimoine juif.

Jean-Pierre Lambert devant le musée. Photo de Jguideeurope 2024

Jguideeurope : Comment a été créé ce musée ?

Jean-Pierre Lambert : La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame date de 1224 et s’occupe en cette époque des travaux de construction et de restauration sur la cathédrale de Strasbourg. L’évêque, défait à Hausbergen et ayant perdu définitivement tout pouvoir temporel sur la ville, elle dépend exclusivement, depuis 1262, des autorités municipales de la ville libre de Strasbourg. Elle dispose de ses propres ateliers de sculpture, mais aussi d’un service d’architecture et emploie des historiens. En 1459, elle devient la Loge Suprême du Saint-Empire romain germanique. Plus près de nous, elle impulse un regroupement de 18 ateliers de cathédrales provenant de 5 pays européens qui ont obtenu leur inscription au patrimoine immatériel mondial de l‘UNESCO en 2020.

Buste d’homme accoudé au musée, situé en bas de la cathédrale. Photo de Jguideeurope 2024

L’Œuvre a accumulé depuis sa création des documents, statues remplacées et autres artefacts provenant de la cathédrale. Elle a aussi reçu des dons et legs innombrables de fidèles, objets d’art religieux, pas toujours en relation avec la cathédrale, comme des forêts ou des immeubles. L’OND conserve et expose toutes sortes d’objets, le plus souvent médiévaux : Nombreuses pierre tombales juives provenant du premier cimetière de Strasbourg, mais aussi des statues, vitraux, peintures, tapisseries provenant de toute l’Alsace. Pour conserver et présenter les joyaux de sa collection, l’OND dispose en face de la cathédrale d’un magnifique ensemble constitué de maisons médiévales et renaissances ajoutées les unes aux autres, ce qui rend le parcours très original et intéressant, passant par des portes et escaliers donnant une sensation de labyrinthe à ce voyage dans le temps. Au cours de ce parcours, on peut encore admirer la salle de réunion des maçons opératifs.

Parmi les pièces présentées, certaines témoignent de la vision de juifs par l’église et permettent de mieux comprendre une relation complexe souvent caricaturée à l’extrême. Cette recherche est aussi possible en parcourant la cathédrale, mais plus difficilement parce que ces témoignages y sont moins visibles et que souvent les statues et vitraux d’origine ont été remplacés au mieux par des copies, au pire par des recréations au 19ème siècle de statues détruites à la Révolution, heureusement moins fréquentes qu’à Notre-Dame de Paris.

Chapiteau. Photo de Jguideeurope 2024

Cette vision-là des juifs était-elle plutôt positive ou négative au Moyen âge ?

Les deux. Exactement ce que l’on retrouve dans la Cathédrale. C’est le même message, qui mêle proximité et connaissance de l’autre mais aussi diabolisation souvent douce, mais réelle.

Prenons quelques exemples : Dès la première salle de l’OND, on peut voir un chapiteau roman où des juifs au visage un peu difforme voisinent avec des chauves-souris. Cette représentation est rare. Pour Francis Salet, la chauve-souris est l’image de ceux qui, comme les juifs, sont dans l’ignorance et refusent de voir les vérités de la foi chrétienne. Ce chapiteau, en assez mauvais état, est sans doute le modèle (oublié par son propriétaire) d’un chapiteau similaire taillé à l’OND utilisé lors de la restauration de l’église de Sigolsheim. D’aucuns ont pensé qu’il s’agit de deux originaux, et en ont déduit que cette représentation, rare, est courante !

L’Eglise et la Synagogue. Photo de Jguideeurope 2024

Un peu plus loin, on trouve sur un vitrail une représentation de Moïse présentant à des juifs, reconnaissables à leur chapeau pointu, le serpent d’airain de la Genèse enroulé sur un tau, ressemblant à un caducée. Mais on découvre vite que les juifs croisent leurs mains, à la manière d’un chrétien priant. Cette représentation est très fréquente au Moyen-âge et signifie que Moïse, qui a vu la lumière, demande lui-même au peuple juif de se convertir, ce que les assistants à la scène acceptent. Cette conversion est, selon Saint-Paul, la condition sine qua non du retour du Messie et donc de la parousie. Elle doit être précédée pour certains du retour du peuple juif sur sa terre. On comprend ainsi mieux le soutien inconditionnel à Israël des protestants évangélistes américains. Les originaux des statues de l’Eglise et de la Synagogue, peut-être les statues médiévales les plus célèbres du monde, sont également présentés à l’OND. Pour comprendre la scène, il faut aller voir leurs copies, sur le portail sud de la cathédrale. La synagogue, frêle, très belle, déhanchée, est attirée par le Christ et Salomon, son égal en sagesse et prédécesseur, mais en même temps s’en détourne. Elle est comme la fiancée du Cantique des Cantiques qui veut et ne veut pas. Salomon saura-t-il la convaincre ? Le destin du monde en dépend.

Le sacrifice d’Isaac. Photo de Jguideeurope 2024

Pouvez-vous nous donner d’autres exemples de cette complexité ?

Oui bien sûr. Citons encore une scène très fréquemment représentée : le sacrifice d’Isaac. Ce sacrifice est pour un chrétien la première tentative de sauver le monde en sacrifiant un juste. C’est un échec, car le sacrifice est inaccompli. Il faudra que le Christ meure pour que l’humanité puisse être sauvée. Je préfère de beaucoup l’interprétation juive qui dit qu’en sauvant Isaac, l’ange a montré que le sacrifice d’un humain est inacceptable.

La descente aux limbes. Photo de Jguideeurope 2024

Un petit vitrail, reste d’une œuvre du grand Pierre Hemmel d’Andlau (vers 1450) nous montre Jésus allant aux limbes récupérer Moïse et Elie, qui croisent leurs mains en signe de conversion. Cette légende très connue provient d’un apocryphe. Dans un coin, un diablotin est discrètement représenté ainsi qu’un brasier. Cette œuvre nous rappelle que le shéol des juifs, confondu avec les limbes, est souvent interprété comme un enfer par les chrétiens, surtout au Moyen âge.

La circoncision. Photo de Jguideeurope 2024

Je voudrais terminer par deux œuvres superbes et réconfortantes. A l’OND on trouve un ensemble merveilleusement sculpté représentant la circoncision de Jésus. Tout y est, y compris le flacon de talc. Le circonciseur a mis ses lunettes. Son châle de prière est devenu une sorte d’écharpe, retenu par ses deux coudes pliés : Il ne le gênera pas. Le grand prêtre a trop fêté, et son visage, un peu lourd est aussi trop rouge.

Dans la cathédrale, sur les vitraux inférieurs de la face sud, à l’ouest, Jésus est mis au tombeau par Joseph d’Arimathie et Nicodème, très concentrés. Mais tous deux arborent le grand chapeau conique qui désigne les juifs, ce qui est très rare (une représentation similaire existe à Fribourg, en Suisse). Jésus est né et mort juif…

Pierres tombales juives. Photo de Jguideeurope 2024

Quels sont les plus anciens objets attestant de la présence juive à Strasbourg et en Alsace?

A Strasbourg, il y a bien entendu le mikvé médiéval, d’une taille impressionnante, mais aussi les pierres tombales exposées à l’OND, ainsi qu’au musée historique. On trouve aussi à Rouffach la seule synagogue médiévale française (1290) intégralement conservée (non visitable pour le moment) et plusieurs inscriptions attestant la présence de synagogues à Obernai, Molsheim , Haguenau. Plus nombreuses cependant sont les traces de la présence juive après le 16ème siècle.

Pierres tombales juives. Photo de Jguideeurope 2024

Les autorités locales sont-elles impliquées dans le partage du patrimoine culturel juif strasbourgeois ?

Dans l’ensemble, oui. De nombreuses institutions proposent à Strasbourg des parcours juifs, qu’il s’agisse de l’Office du tourisme, un autre de la ville à l’élaboration duquel j’ai participé, celui de l’Agence départementale du développement touristique et d’autres encore. Le mikvé a été récemment restauré, avec un système d’accès beaucoup plus souple. Un jardin de la mémoire a été créé très récemment à l’emplacement de la synagogue consistoriale, détruite par les nazis. Cette formalisation montre que les autorités politiques locales ont clairement comme objectif une meilleure mise en valeur de la présence juive à Strasbourg. Cette mise en valeur concernera la période médiévale, mais aussi toute l’histoire juive de l’Alsace et de Strasbourg, globalement ininterrompue de 1140 à aujourd’hui.

Strasbourg à l’époque médiévale. Photo de Jguideeurope 2024

Un programme de recherche sur le patrimoine juif commun à la Direction régionale de l’action culturelle (DRAC) et au service régional de l’inventaire a été lancé. L’éducation nationale, par l’intermédiaire du Recteur prépare un programme permettant de mise en valeur du judaïsme, nécessaire par les temps en cours et les universités alsaciennes, ont actuellement plus d’étudiants qui s’intéressent à l’histoire juive. Signalons également que c’est à Strasbourg qu’a été lancée en 1996 , avec à l’époque le soutien du département du Bas-Rhin, l‘opération des « Portes ouvertes sur le Patrimoine Juif » (en 1996, 5000 participants dans 15 lieux dans le Bas-Rhin), devenue au fil du temps la « Journée Européenne de la Culture et du Patrimoine Juif » (En 2022, près de 150 000 visiteurs, 29 pays participants, 860 activités en Europe). Enfin un projet d’inscription au patrimoine mondial de la collection des synagogues alsaciennes, la plus dense d’Europe, est sur les rails…


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