Au début du siècle, la bohème mythique de Montparnasse compte dans ses rangs de nombreux peintres juifs russes fuyant les pogroms antisémites de cette époque. Parmi eux : Soutine, Chagall, Zadkine. D’autres, comme Modigliani, sont simplement attirés par le prestige de la ville et participent à la grande effervescence créatrice de cette époque.
Ces personnes inspirées, lancées par ces émancipations, s’établiront à Paris au début du 20e siècle. En confrontant et partageant leur art grâce au sculpteur français Alfred Boucher qui souhaite réunir de jeunes artistes sans ressources pour y travailler dans un esprit fraternel. Une ancienne rotonde de l’expo universelle de 1900, comprenant 200 ateliers. Ville dans la ville, elle réunit notamment Fernand Léger, Marie Laurencin, Matisse, Soutine, Modigliani, Chagall, Douanier Rousseau, se mêlant aux écrivains Apollinaire, Tchekov et Max Jacob.
Parmi eux, de nombreux artistes juifs fuyant les pogroms et quotas pour s’installer à Paris. Pour y voir l’Expo 1900, ses musées, salons, et le développement du marché de l’art avec les galeries. Boucher surnomme ses artistes « ses abeilles », d’où le surnom du bâtiment : La Ruche .
Né alors le terme « école de Paris » au sujet de ces artistes non français qui participent à cette rencontre artistique entre ces artistes et la ville muse. Avec cette volonté de regarder en eux et en dehors d’eux. Et l’apparition de figurants, figurines d’enfance dans leurs œuvres, ces personnages toujours aussi touchant et plus lointain de leur enfance, éloignés par les méandres de l’Histoire, tel ce violoniste sur un toit dans un tableau de Chagall, enjouant le shtetl.
C’est au cimetière du Montparnasse que repose le peintre Jules Pascin (22e division), dans ce quartier dont il fut l’un des « artistes maudits» et qui abrita sa vie nocturne et agitée. Né en Bulgarie en 1885, il se suicida à Paris en 1930. Un dessin gravé sur la pierre évoque l’œuvre de l’artiste. Vous déchiffrerez ces mots:
« Homme libre héros du songe et du désir, de ses mains qui saignaient, poussant les portes d’or, esprit et chair, Pascin dédaigna de choisir et maître de la vie il ordonna sa mort.» Un peu plus loin, dans la 28e division, une pierre blanche porte le nom de l’officier Alfred Dreyfus (1859- 1935). Ici repose celui qui fut accusé à tort de haute trahison au profit de l’Allemagne.
Au-delà de Montparnasse, vers l’avenue de Ségur, le touriste curieux ne manquera de visiter ce que les vieux Parisiens considèrent comme une des plus belles et originales synagogues, la synagogue Chasseloup-Laubat de la capitale. Consacrée le 29 septembre 1913, elle fut dessinée par l’architecte Bechmann. La salle intérieure est un carré de 13 mètres de côté. La tribune est supportée par les poteaux de charpente se prolongeant jusqu’à la toiture en coupole de bois octogonale.
La synagogue libérale de Beaugrenelle du Judaïsme En Mouvement (JEM), offre une des créations architecturales modernes les plus originales. Elle est située dans un centre communautaire avec salle de réception et classes, inauguré en 1980 par le rabbin Daniel Farhi. L’édifice est couvert de carreaux de céramique et visible sur deux niveaux différents de rues qui se superposent.
L’intérieur de la synagogue est assez sobre avec une grande utilisation de bois et des décorations de caractères hébraïques. Le rabbin Delphine Horvilleur participe à de nombreux débats et projets nationaux contemporains, étant suite à Pauline Bebe la deuxième femme nommée à ce poste. Le mouvement a été depuis rejoint par d’autres hommes et femmes rabbins.
Le mouvement Massorti fait son apparition en France dans les années 80. Plusieurs communautés massortis sont présentes à Paris. La plus grande étant celle d’ Adath Shalom , dirigée par le rabbin Rivon Krygier. La présence et le développement contemporain explique la modernité des synagogues accueillant les mouvements libéraux et massorti. Celui où officie Rivon Krygier est situé rue George Bernard Shaw, dans le 15e arrondissement. Un arrondissement qui accueille avec harmonie trois importantes synagogues de la vie parisienne, chacune liée à un mouvement.
En parlant de mouvement, ils sont nombreux à virevolter autour des planches de l’Espace Rachi – Guy de Rothschild . Ce lieu qui accueille les bureaux du Fonds Social Juif Unifié, est également celui où se situe un grand auditorium où se succèdent conférences, concerts, ainsi que des rendez-vous annuels majeurs de la culture juive tel le Festival Jazz’n’Klezmer avec ses artistes du monde entier qui partagent notes et enthousiasmes, ainsi que le Festival Diasporama qui met en avant les pépites du cinéma à thématiques juives d’autant de destinations que possibles et rêvées…
Créé en 2006, l’Institut Européen des Musiques Juives s’est donné pour mission de collecter, conserver et diffuser le patrimoine musical juif en France et à l’international. Sur scène, Guy Bedos évoqua la diversité des expressions culturelles juives, indiquant que pour Enrico Macias, ce que chantait Serge Gainsbourg n’était probablement pas tout à fait de l’hébreu. C’est cette diversité dans les lieux, temps, styles et époques que vous découvrirez à l’IEMJ, qui met à disposition sur son site web de nombreuses playlists, émissions radio et télés ainsi que des concerts. En vous y souhaitant un agréable voyage musical.