France / Lorraine

Nancy

Synagogue de Nancy. Photo de Aimelaime – Wikipedia

La présence juive nancéenne semble dater du Moyen-Age. En 1470, la ville compte une dizaine de familles juives. Chassés de la ville par le duc René, quelques familles s’y réinstallent au 16e siècle. En 1721, la communauté est officiellement autorisée à s’établir, mais seules très peu de familles sont autorisées dans les murs de la ville. La communauté juive de Nancy est officiellement fondée en 1754.

Dans l’esprit de la vague d’émancipation des juifs traversant la France et l’Europe à l’époque de la Révolution, une  synagogue est bâtie par l’architecte Augustin-Charles Piroux. Inaugurée le 11 juin 1790, elle fut agrandie par la suite en 1841 et 1861. Sa façade fut transformée en 1935. De l’édifice d’origine, il demeure l’Arche sainte, avec des colonnes de marbre et un style corinthien.

Son développement se déroule notamment grâce à l’arrivée de juifs d’Alsace et de Moselle fuyant l’annexion par l’Allemagne en 1871. Parmi la main-d’œuvre venue reconstruire la France après la Première Guerre mondiale, on retrouve de nombreux juifs polonais. Ils sont principalement ouvriers dans la sidérurgie et l’industrie chimique.

Synagogue de Nancy

Ces juifs créent à Nancy  l’Association Culturelle Juive (ACI). Ainsi, ils y perpétuent le partage de la culture yiddish et y installent un oratoire pour prier. L’ACI possède d’ailleurs aujourd’hui un grand patrimoine culturel juif, avec notamment une bibliothèque yiddish et française de plus de 1500 ouvrages.

Durant l’occupation, des inspecteurs de police préviennent les juifs d’une rafle imminente en juillet 1942 et en sauvent ainsi 385. 32 juifs furent arrêtés, soit parce qu’ils n’avaient pas trouvé de lieu de fuite ou crû l’avertissement. Le sauvetage fut organisé par les inspecteurs Edouard Vigneron et Pierre Marie.

Ils chargèrent leurs hommes Charles Bouy, Henri Lespinasse, Charles Thouron, Emile Thiébault et François Pinot de prévenir les juifs et aussi de les aider à quitter la ville, notamment en fournissant de faux papiers ou en les hébergeant. L’histoire est longuement racontée par Lucien Lazare dans les Livre des Justes.

Afin de perpétuer et saluer cet esprit de révolte contre l’occupant, l’ACI célèbre chaque année la Révolte du Ghetto de Varsovie. Le centre possède d’ailleurs une toile du peintre Mané Katz, L’insurrection du ghetto de Varsovie.

La venue des juifs sépharades dans les années 60 permit de redonner un dynamisme religieux. Même s’ils ne constituaient que 20 % des juifs de la ville, leur présence aux prières et cérémonies religieuses fut proportionnellement assez importante.

Cimetière israélite de Nancy. Monument en souvenir de la Shoah. Photo de Djampa – Wikipedia

Néanmoins, le rite ashkénaze très ancien et le partage de ces traditions permirent à la synagogue de perpétuer sa tradition de grands hazanim tels André Stora ou Michel Heymann, comme le montra le film consacré à la communauté par Josy Eisenberg dans son émission.

Le  cimetière juif est situé à Préville, avenue de Boufflers. A l’entrée, un monument du souvenir rend hommage à l’assassinat d’une partie de la communauté juive de Nancy. Le nom de chaque enfant disparu est inscrit sur une petite stèle placée devant des arbustes posés par des écoliers en 1987.