La rue des Juifs médiévale est l’actuelle rue du Docteur-Fanton . Comme à Aix-en-Provence, le quartier juif a été complètement transformé et intégré à la ville après l’expulsion des juifs d’Arles en 1493, qui préfigura celle de tous les juifs de Provence en 1500- 1501.
Le musée de l’Arles antique conserve deux inscriptions funéraires. Sur la première, on lit : « Ceci est la sépulture de Juda, le jeune homme fils de rabbi Mardochée. Que son esprit repose [ lui ] qui ne pécha jamais. Qu’il séjourne en Eden » ; la seconde indique : « Ceci est la sépulture de notre Maître Meir». Le Museon Arlaten, musée d’Art et de Tradition populaires , regroupe divers objets juifs de la région provençale.
Des citations hagiographiques épiscopales d’Arles des 5e et 6e siècles attestent de la présence de juifs arlésiens à cette époque dans la ville, comme l’indique Danièle Iancu-Agou dans son livre Provincia Judaica : Dictionnaire de géographie historique des juifs en Provence médiévale. Une légende raconte que des juifs s’y installèrent peu après la destruction du Second Temple de Jérusalem.
Benjamin de Tudèle note en 1165 dans ses Carnets l’ancienneté apparente de la vie juive dans cette ville. 200 familles juives vivaient dans ce qui consiste très probablement en une des plus anciennes communautés juives de France.
Des textes d’Isaac ben Abraham ha-Gorni, datant de la fin du 13e siècle, évoquent dans un poème l’accueil qui lui fut réservé par les juifs de la ville. Autre référence écrite de premier plan, l’ouvrage Eben Bohan de Kalonymos ben Kalomynos (1286-1328) qui évoque cette communauté et les personnages qui la composent.
Des textes évoquent la présence d’une synagogue arlésienne en 1315, près de la rue Neuve. Elle aurait subi un incendie en 1459, mais fut réparée ensuite. Les textes de l’époque mentionnent également la place accordée à l’éducation des enfants pauvres et à la mission que cela symbolisait pour la communauté.
Si nous citons ici de nombreux textes c’est aussi parce que la vie intellectuelle et scientifique de familles juives fut très développée à l’époque dans la région. Qu’il s’agisse des Avigdor et leurs traductions hébraïques des travaux de Montpellier, les Bondion de Saint-Paul, les Borrian, les Vitalis et les Nathan, principalement Isaac Nathan, auteur de traités.
Anecdote étonnante, sur les 43 juifs inscrits au cadastre d’Arles, 22 possèdent des vignes. La plupart étant situées dans le quartier rural des Fourches.
Plusieurs anciens cimetières juifs sont répertoriés. Le plus ancien, situé au Montjuif, fut utilisé jusqu’en 1376, et l’autre, à l’intersection actuelle des rues du Marché-neuf et de la Rotonde, jusqu’en 1434.
La seconde moitié du 15e siècle fut bien plus compliquée pour les juifs d’Arles. Outre les manifestations de violence de 1436, 1480 et 1484, les juifs arlésiens subirent également une accusation de meurtre rituel en 1453. Des familles fuient à cette époque vers Tarascon et l’expulsion est signifiée en 1493. Des juifs tentèrent de s’y établir à nouveau quelques années après l’expulsion mais subirent le même sort.
Après l’émancipation des juifs suite à la Révolution Française de 1789, certains juifs retournèrent à Arles. Une tentative d’établissement de nouvelle synagogue a été tentée ces dernières années.