France / Provence

Tarascon

Chapelle St-Gabriel de Tarascon. Photo de EmDee – Wikipedia

La seule trace restante de la communauté juive de Tarascon, qui fut importante au Moyen Âge, est la  rue des Juifs, avec ses maisons à façade grise dont une partie a été restaurée. Non loin de la ville, près de Fontvieille se trouve la belle chapelle romane Saint-Gabriel qui s’abrite sous une tour en ruine qui porte un graffiti en caractères hébraïques: T(av) T(av) Q(of) N(un) V(av) [4] 956 [= 1195-96] – une date.

Il semble que la présence juive tarasconnaise date du milieu du 12e siècle, comme le mentionne Danièle Iancu-Agou dans son livre Provincia Judaica : Dictionnaire de géographie historique des juifs en Provence médiévale. Mais peu de documents donnent des détails sur la vie juive de cette époque.

Fin du 14e siècle et début du 15e, les documents se font plus nombreux et précis. Il semble que les juifs habitèrent alors principalement dans le secteur situé entre la forteresse comtale et le monastère des moniales. Avec la présence d’une synagogue, une boucherie et un cimetière, ainsi que des services communautaires. Bien que les lieux d’habitation des juifs étaient officiellement cantonnés à ce quartier, la séparation désirée par les autorités ne fut pas tout à fait respectée par la réalité des rencontres et de la vie. Ce qui provoqua la prise de position officielle des autorités pour forcer les juifs à retourner dans ce quartier en 1418.

Le cadastre de 1442 recense la présence de 36 habitations dans le quartier juif tarasconnais. Celui de 1459 en recense deux de plus, ainsi que huit boutiques (principalement des fripiers et blanchisseurs), des greniers et une tannerie.

Joseph Kaspi ben Aba Mari. Photo de BNF

La synagogue se situait près des remparts de la ville et s’agrandit d’un mikvé en 1442. Les œuvres sociales, notamment l’aide aux pauvres étaient très actives. Le cimetière juif était situé en dehors de la porte Condamine, comme l’atteste un document datant de 1426.

Suite aux manifestations meurtrières contre les juifs d’Arles en 1484, la situation des juifs de Tarascon se dégrada. Certains fuirent mais furent obligés de revenir dans la ville pour régler les impôts locaux. Malgré l’expulsion qui suivra et les conversions forcées, une dizaine de juifs sont encore présents en 1503 comme l’atteste des documents fiscaux qui les taxèrent. Des juifs convertis au christianisme purent se réinstallés au 16e siècle. La synagogue et le cimetière furent reversés à Nicolas Guybert de Tarascon.

Parmi les personnalités juives de la ville, on peut citer le mathématicien Immanuel Bonfils, auteur de l’ouvrage astronomique Les Six Ailes (1365), ainsi que Joseph Kaspi (1297-1340), philosophe et exégèse, auteur du Sefer Hasod.