En 1182, Philippe Auguste décide d’expulser les juifs de la capitale : les synagogues sont transformées en églises et les immeubles détenus par des juifs vendus au profit du roi. Avec les sommes ainsi réunies, le souverain fait construire le donjon du château de Vincennes ainsi qu’un mur d’enceinte autour du bois. Dans la ville même, il édifie un marché sur l’ancien quartier des Champeaux, désormais vide de ses habitants. L’expulsion des juifs fut donc à l’origine de l’implantation des anciennes halles de Paris.
Les juifs contribuant toutefois à la prospérité économique sont rappelés dix-sept ans plus tard. Ils s’établissent dans le quartier Saint-Bont, près de l’actuel Centre Georges Pompidou, rue des Rosiers ; ainsi que sur la rive gauche, entre la rue de la Harpe et le boulevard Saint-Germain. C’est ici même que l’on situe alors la « juiverie » la plus importante de l’époque. Des travaux entrepris au siècle dernier mirent au jour un important cimetière juif médiéval à cet emplacement.
Au XIIIe siècle, sous l’autorité de rabbi Yéhiel, l’Ecole juive de Paris connaît son grand rayonnement. Le 6 juin 1242, à la suite d’une disputatio théologique entre le rabbi et Nicolas Donin, juif apostat, Saint-Louis fit brûler en place de Grève (actuelle place de l’Hôtel de Ville) tous les exemplaires du Talmud trouvés dans la capitale. Rabbi Yéhiel quitta définitivement la France et s’en alla créer une nouvelle école à Saint-Jean-d’Acre. En 1394, Charles VI promulgua un décret d’expulsion interdisant aux juifs de résider dans Paris. Ce n’est que quatre siècles plus tard, à l’époque des Lumières, que ces derniers furent autorisés à revenir dans la ville.
Meurtre sur le Petit Pont
Un samedi matin de l’an 583, un juif drapé dans son châle de prière traverse la Seine sur le Petit-Pont pour se rendre à la synagogue de l’île de la Cité. Cet homme se nomme Priscus, il est le monétaire du roi mérovingien Chilpéric Ier. C’est alors que Phatir, un juif renégat, se précipite sur lui et le poignarde à mort. Ce drame rapporté par Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs constitue le premier épisode historiquement confirmé de l’histoire du judaïsme parisien.