La communauté juive de Lituanie ne compte plus qu’environ 6000 personnes. Elle n’est donc plus que l’ombre de ce qui fut, jusqu’à la Shoah, un des coeurs du Yiddishland.
D’une certaine manière, tout est parti d’ici, dès les XVe et XVIe siècles, lorsque le centre de gravité du judaïsme européen se déplaça d’Allemagne et de France vers la Pologne et la Biélorussie.
En réaction au courant populaire et piétiste des hassidim au milieu du XVIIIe siècle, émerge le courant intellectualiste et rigoriste des mitnaggedim, personnifié par le Gaon de Vilna (1720-1797).
La Lituanie, tour à tour indépendante et puissance régionale, ensuite soumise à l’influence des chevaliers Teutoniques, puis placée sous domination polonaise, fut finalement divisée entre un centre historique autour de la capitale, sous domination russe, et une région autour de Klaipeda (Memel), soumise à la Prusse.
Alors qu’à partir du milieu du XIXe siècle, malgré la politique de russification forcée, la renaissance nationale commence, passant principalement par le renouveau d’une langue qui est la plus ancienne d’Europe, les communautés juives, immergées dans un pays profondément catholique, font fleurir nombre de yeshivot. Celles-ci façonnent le paysage religieux de l’orthodoxie juive, comme celles de Ponevej et de Kovno (Kaunas).
Cependant, la Lituanie n’est pas seulement un centre religieux, c’est aussi le berceau d’une culture juive laïque de langue yiddish : le mouvement ouvrier socialiste Bund est créé à Vilnius en octobre 1897.
Lors du recensement de 1924, on dénombrait 155000 juifs, soit 7,65% de la population, auxquels d’ajoutaient encore quelques milliers de karaïtes.
Soumis à un antisémitisme séculaire, le judaïsme lituanien a été totalement anéanti par la Shoah, qui a bénéficié de nombreuses complicité dans la population locale.